La main verte
Le premier jour d'école, en entrant dans ce qui allait être notre salle de classe de CE2, nous avons eu la surprise de voir des petits pots de fleurs sur le rebord de chacune des tables.
Après avoir tourné un moment, je me suis finalement assise à côté d'un géranium au teint maladif et selon moi peu gâté par la nature. Ses feuilles étranges viraient au marron et ses deux pauvres fleurs roses n'avaient aucun éclat. Ayant constaté très tôt que les fleurs ne griffent pas quand on les arrose, je me dépêchai de donner un verre d'eau à mon géranium, espérant le remettre d'aplomb.
Notre maîtresse (ça faisait longtemps :D) nous apprît qu'il nous faudrait nous occuper de nos fleurs durant toute l'année, que nous en serions les seuls responsables et qu'il ne tenait qu'à nous qu'elles vivent et continuent de fleurir, pour le plus grand bonheur de tous...
Mon géranium a rendu l'âme au bout de deux mois.
Je ne vous raconte pas la culpabilité que j'en ai éprouvé (oui, j'ai subi plusieurs graves traumatismes dans ma tendre enfance). Enfin ma peine fut toutefois atténuée par les disparitions successives de plusieurs autres plantes peu après la mienne.. A la fin de l'année scolaire, un peu moins de la moitié de mes camarades de classe avaient encore leur pot de fleur avec quelques chose de vivant à l'intérieur.
Aucun autre insituteur n'a eu l'idée saugrenue de nous initier à l'élevage de fleurs. Enfin au collège, il y a bien eu une prof de SVT pour nous demander de planter des graines de blé dans un pot en plastique format dé à coudre. C'était censé pousser à vitesse grand V, le blé. Au bout de quelques jours à peine, de vigoureuses pousses d'une taille déjà honorable émergeaient de tous les pots...
J'ai toujours soupçonné ma prof de ne pas m'avoir donné de graines de blé, parce que mes pousses à moi n'ont jamais sortis le bout de leur nez.
Dans la famille, ma mère avait la réputation d'avoir la main verte. C'est elle qui se chargeait du jardin, faisait des boutures de ci de là, indiquait à mon père quels plants déterrer et où creuser des trous pour les replanter (généralement à moins de 3m de leur terre natale). Elle a un jour décidé que le temps était venu de me passer la main (verte, évidemment). C'est ainsi que ma mère m'a offert une jolie fleur, dont j'étais très fière...
Rassurez-vous, elle est morte rapidement et sans douleur.
Mes parents ont alors pensé qu'il me fallait une plante résistante et demandant peu d'entretien (et moi qui rêvais secrètement d'un bonzaï...!). Leur choix s'est porté sur un cactus miniature, de ceux qu'on trouve à la pelle dans des pots multicolores du plus bel effet, et qui ont tous des formes plus biscornues les uns que les autres. J'ai tout de suite aimé mon cactus et ses fins piquants jaunes, tout en admirant sa réputation d'être endurant. On m'avait expliqué qu'il n'était pas utile de l'arroser trop souvent car il n'en avait pas besoin. Il semblait en effet coriace et bien accroché à la vie malgré sa petite taille...
Je n'aurais jamais cru qu'un cactus pouvait mourir. Surtout en si peu de temps.
Après avoir vu la mort d'un de trois cactus en face (oui, j'ai récidivé..), j'ai préféré arrêter de m'occuper des plantes, laissant cela à ma mère.
Pourtant, il y a trois ans, lorsqu'elle a acheté ce petit arbuste ayant la manie de perdre énormément de feuilles et que je détestais (allez savoir pourquoi..), j'ai décidé de m'occuper de lui. Agréablement surprise par ma soudaine envie de renouer avec la flore, ma mère m'a confié "en exclusivité" la charge de son petit protégé. Evidemment, j'espérais bien le faire trépasser avant l'hiver pour en être débarassée dès le printemps suivant...
"Oh! Mais c'est quoi cet arbre? Il est super imposant dis donc! Et puis qu'est-ce qu'il perd comme feuilles, ça doit être chiant non?" (une camarade de promo en villégiature dans mon jardin, juillet 2006)
Happy birthday ... to you, Gégé! ;-)