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Poussière de toile

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Poussière de toile
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29 avril 2007

Sur le quai, les adieux

Ce n'est jamais tout à fait anodin de se retrouver sur un quai de gare, destinations lointaines..

Il y a quelques rires un peu forcés, quelques larmes un peu réprimées.

Il y a des au revoir vite expédiés et des adieux dont on ne voit pas le bout, des retours programmés et d'autres plus aléatoires.

Il y a les parents qui pressent leurs enfants d'embrasser papy et mamie tout en faisant à ces derniers les ultimes recommandations.

Il y a les promesses qu'on s'échange entre deux baisers ou que l'on jette par une vitre baissée.

Il y a les signes de mains et les clins d'oeil, parfois le pas de course près du train qui démarre.

Il y a les montres consultées de manière compulsive et les panneaux d'affichage qu'on oublie de regarder.

Il y a parfois des trains manqués... mais c'est rare.

Il y a les organisés qui arrivent longtemps en avance et les éternels retardataires, toujours un peu perdus, perles de sueur sur le front.

Il y a les silencieux, ceux qui intériorisent, et puis les expansifs qui parlent, parlent, parlent.

Il y a ceux qui se réconcilient l'espace de quelques minutes et ceux qui gâchent ce moment en s'assommant de reproches.

Il y a ceux qui viennent en groupe et ceux qui restent seuls parmi la foule.

Il y a des valises, sacs à dos, sacs à main, sacs à rien qui s'entrechoquent avec fébrilité.

Il y a aussi des boules dans les gorges et des noeuds dans les estomacs.

Le quai déborde de ces séparations prochaines, de ces liens qui vont s'étirer inexorablement au fil des kilomètres. Le quai des départs attriste souvent.

Heureusement, un train qui entre en gare déverse son flot de personnes attendues. Quai des retours, les retrouvailles émouvantes réveillent une lueur d'espoir dans le coeur de nombre de nomades sur le départ.

On promet une dernière fois que ça ne sera pas un aller sans retour. Puis on se quitte, pliant déjà sous le fardeau.

Et en se demandant qui le premier rompra sa promesse.

Fugit_irreparabile_tempus

Et les tours d'horloge...

J-7

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28 avril 2007

Méditations

"Ce qui est passé a fui ; ce que tu espères est absent ; mais le présent est à toi" (proverbe arabe)

"Si tu ne peux être une étoile au firmament, sois une lampe dans ta maison" (proverbe arabe)

"La vie est une bougie dans le vent" (proverbe japonais)

"La vie humaine est une rosée passagère" (proverbe japonais)

"On ne peut pas chasser le brouillard avec un éventail" (proverbe japonais)

"Si tu es pressé, fais un détour" (proverbe japonais)

"En atteignant le but, on a manqué tout le reste" (proverbe japonais)

"Ce qui est mouillé ne craint pas la pluie" (proverbe grec)

"Qui donne ne doit jamais s'en souvenir. Qui reçoit ne doit jamais oublier" (proverbe hébreu)

"Quand tu ris, tout le monde le remarque ; quand tu pleures, personne ne le voit" (proverbe yiddish)

"Ne coupe pas les ficelles quand tu pourrais défaire les noeuds" (proverbe indien)

"Le monde semble sombre quand on a les yeux fermés" (proverbe indien)

"La perle est sans valeur dans sa propre coquille" (proverbe indien)

"L'enfance, c'est fait pour gâcher la vie des adultes" (Bill Watterson, in Calvin & Hobbes)

"Le Temps nous égare Le Temps nous étreint Le Temps nous est gare Le Temps nous est train" (J. Prévert)

"Bien sûr, j'ai pensé parfois mettre fin à mes jours, mais je n'ai pas su par lequel commencer" (J. Prévert)

"On voit le passé meilleur qu'il n'a été ; on trouve le présent pire qu'il n'est ; on espère l'avenir plus heureux qu'il ne sera" (Louise d'Epinay)

"L'avenir n'est jamais que du présent à mettre en ordre. Tu n'as pas à le prévoir, mais à le permettre" (Antoine de Saint-Exupéry)

"J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence..." (Antoine de Saint-Exupéry, in Le petit Prince)

"Ce qui importe, ce n'est pas d'arriver, mais d'aller vers" (Antoine de Saint-Exupéry)

"Le bonheur, c'est de continuer à désirer ce qu'on possède" (Saint Augustin)

"Ce n'est rien de mourir ; c'est affreux de ne pas vivre" (Victor Hugo, in Les Misérables)

27 avril 2007

Come on with the rain...

Il y a quelques soirs, alors que je regagnais une station de métro parisienne, je me suis retrouvée bloquée au milieu d'une rue entre deux éphèmères torrents. Pas moyen de les éviter si je voulais atteindre le trottoir, et je me demandais avec inquiétude laquelle de mes chaussures j'allais sacrifier en la plongeant dans le caniveau débordé par une telle quantité d'eau...
Finalement, je me décide pour la chaussure droite et enfonce sans ménagement mon pied dans la flaque, créant une belle gerbe d'eau qui sucite la joie d'un bambin marchant sur le trottoir.

Que croyez-vous qu'il fît?
Il a lâché la main de sa mère et a sauté à pieds joints dans la flaque, riant au milieu des éclaboussures et des réprimandes de sa maman. Sa joie toute enfantine était touchante à voir et j'avoue l'avoir envié. J'aurais voulu le rejoindre, mais le regard noir de sa mère et la présence de quelques passants m'en ont dissuadé..

Je le regrettais encore en arrivant près de ma station, quand j'ai entendu un cycliste (courageux!) passer près de moi en fredonnant (d')un petit air guilleret, sourire aux lèvres. Plus loin, deux filles riaient sous leur parapluie à carreaux. Et Paris était toute jolie en habits gris, avec des battemements de pluie et des rires en fond sonore.
Au feu rouge, je commençais à chantonner en faisant tourner inconsciemment mon parapluie sur lui-même, quand une fillette derrière moi s'est exclamée "Tu as vu ce qu'elle fait avec son parapluie maman, il tourne!". Je me suis (aussi) tournée vers elle et ses grands yeux étonnés, en continuant de faire rouler la canne du parapluie entre mes doigts. Elle a souri et mon parapluie a continué de virevolter.

SingingA cet instant précis, j'aurais tout donné pour savoir faire des claquettes, comme la pluie et Gene Kelly. Pas nécessairement pour me mettre à danser, mais juste pour en avoir la possibilité. Une éventualité que j'aurais pu écarter doucement d'un revers de manche ou saisir à bras le corps.

24 avril 2007

Citroën et cie

Parc André Citroën, d'une laideur sans nom. Aseptisé, froid, nature domestiquée.

Des bancs absurdemment tournés vers une rue sans intérêt, alors qu'on va habituellement au parc pour tourner le dos aux verrues citadines.

Je m'arrête près de trois canards pataugeant sans entrain dans les douves sales. Quel chagrin, quel triste monde aurais-je pu chanter moi aussi.

Je me suis surprise à repenser au cher parc de mon enfance, peuplé d'animaux inoffensifs et vigoureux. A ses arbres, ses fleurs, ses visages coutumiers, ses employés municipaux, ses allées de terre battue, et surtout, surtout, à ses jeux en rondins où nous nous plaisions à dépenser notre énergie et à tester nos limites en balayant nos (très rares) appréhensions d'une bravade. Ont-ils eux aussi disparu ?

A quelques années et kilomètres de là trônait au milieu d'une cour ce que nous n'avons jamais appelé autrement que "le Jeu". Sorte de forteresse miniature vénérée de toute l'école où, loin des regards anxieux des parents, nous avions le droit de jouer les aventuriers, funambules sur un mur de 2m de haut, trapézistes se balançant d'une barre à l'autre, acrobates observant le monde la tête en bas, ou enfants cachés d'un Indiana Jones en équilibre sur une échelle de corde...

Notre Jeu a été rasé un été. A notre retour de vacances, il s'était fait la belle. Et jamais la moindre carte postale. Ce qui m'a chiffonnée, c'est que sa disparition soit intervenue peu de temps après l'abattage du Muret, humble vestige d'un temps où notre école ne connaissait pas la mixité.

Or nous aimions particulièrement marcher sur ce petit muret et sauter par dessus, mais l'exercice manquant de piment, j'avais relevé le défi d'atterrir sur une chaise placée de l'autre côté du muret. Défi perdu bien entendu. Le plus ballot dans tout ça étant que j'avais tenté l'exploit alors que mon instit se trouvait dans les parages. Il a cru que j'étais tombée sur la tête (je veux dire, après la chute..), et j'ai eu beau contester, je me suis retrouvée dans un camion rouge direction l'hôpital en moins de deux. Mon unique expérience en la matière d'ailleurs, qui m'a profondément ennuyée et à la suite de laquelle je me suis promis de ne plus me laisser enfermer dans ces endroits cafardeux.

Je n'ai rien eu, sinon des reproches de ma mère, et je pensais que l'affaire serait classée sans suite. Mais l'innocent muret, qui avait tenu si longtemps, a été abattu peu après. Et puis le Jeu a suivi et la cour de récré est devenue triste à pleurer. On n'a pas idée de ce qu'une cour goudronnée avec pour seuls ornements trois marelles et un escargot peints au sol peut être lugubre. Plus rien à escalader, plus d'endroit où se pendre par les pieds, plus aucun moyen de prouver notre bravoure. C'est qu'on n'avait même pas accès à l'unique arbre (plus âgé que nous, j'entends) de l'école! Cour de récré vampirisée et stérilisée...

Et au nom de quoi? De l'assommante sécurité pour nos enfants bien sûr. Sécurité tout à fait hypothétique qui nous pousserait à enfermer nos enfants dans des espaces clos, désinfectés et débarrassés de tout ce qui semblerait potentiellement dangereux... Voire de tout (tout court).

La situation cauchemardesque évoquée par Vian dans L'Arrache-coeur me revient en mémoire tandis que les cols-verts lassés de ces eaux fangeuses prennent leur envol.

Les Noël, Joël et Citroën d'aujourd'hui parviendront-ils eux aussi à se défaire de ces liens dont on les alourdit, pour voler de leurs propres ailes et avoir le droit de s'écorcher les genoux et de se cogner un peu à la vie?

23 avril 2007

Mes cauchemars finissent bien

Quand je me réveille au milieu d'un cauchemar, je ferme les yeux et lui trouve un dénouement heureux... avant de me rendormir.

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17 avril 2007

Les dames du temps jadis

Entre Bastille et gare de Lyon.

Une femme à l'allure très cannoise est assise sous l'abribus. Cheveux blancs cachés sous un blond vénitien, lunettes de soleil so smart, foulard rouge habilement noué autour du cou, chemisier et pantalon blancs élégants. Arrive une femme plus âgée, ou plus simple, qui s'assoit auprès d'elle sur le banc minuscule.

"- Excusez-moi.

- C'est moi.

- Tiens un bus arrive, mais je ne distingue pas bien son numéro.

- C'est le 29.

- Ah merci, ce n'est donc pas le mien.

- Lequel attendez-vous?

- Le 91, et vous?

- Le 20.

- Oh! Notre rencontre sera donc brève.

- Eh oui! Mais nous pourrons la renouveler.

- Pensez-vous?

- C'est tout à fait possible si vous êtes amenée à revenir à cet arrêt de bus, puisque je viens y prendre le 20 au moins deux fois par semaine, plutôt en fin d'après-midi comme aujourd'hui.

- Alors il est fort probable que nous nous recroisions. J'habite le quartier et je viens prendre le bus ici pour aller voir ma fille chaque mercredi, vers cette heure-ci.

- En ce cas, nous nous reverrons certainement la semaine prochaine. Voilà votre bus qui arrive et le mien qui le suit.

- Je vous souhaite une très bonne fin de journée madame.

- A vous également. J'ai aimé bavarder avec vous. Au plaisir de vous revoir."

C'est tellement simple..

16 avril 2007

Suivez mon regard

Ayant gagné une heure à perdre, je décide de faire un crochet par la station Hôtel de Ville (ligne 1) où une exposition temporaire sur Paris et son métro attisait depuis quelque temps ma curiosité.

Sitôt sur le quai, j'entreprends consciencieusement de lire chacun des panneaux, classés par catégories (le métro insolite, Paris entre en gare, Paris et ses écrivains, Paris métropole, etc...). Sur mon passage, la plupart des voyageurs en partance se retournent et se mettent à lire le panneau que je viens de terminer ou celui que je suis en train de lire, comme s'ils n'attendaient pas chaque jour le métro à cet endroit précis du quai. Pour lire l'histoire de ce général que Napoléon estimait, je m'accoude à la rampe d'un escalier d'où un groupe finit par surgir.

Ils passent sans vergogne entre Kléber et moi, parlent tous ensemble, ne s'écoutant pas tout à fait, puis le premier tourne sa figure trempée vers moi avant de lorgner l'objet de mon attention. Et paf le chien, le voilà qui rate la dernière marche et s'écroule, heureusement sans se faire de mal.

La fillette qui le suivait l'observe avec inquiétude, puis surprend mon regard à l'adresse de Kléber et se tourne elle aussi du côté du général. Patatras, elle perd l'équilibre et s'étale. Chute sans gravité (quoique sans gravité, elle n'aurait pas chuté). Tout de même, je voudrais bien en finir avec Kléber avant d'aller faire connaissance avec Cambronne. Un nouveau groupe montant l'escalier, je juge plus prudent (pour eux) de m'éloigner de la rambarde, non sans avoir dévoré des yeux les derniers mots du panneau.
Il n'en fallait pas davantage pour qu'un nouvel arrivant perde l'équilibre (il a néanmoins évité l'impact)...

Inutile de préciser que ce gag à répétition m'a beaucoup amusée. En fait, je me marrais encore intérieurement en descendant le boulevard détrempé de Clichy, quand un homme sur le trottoir d'en face a salué quelqu'un qui devait se trouver derrière moi. Je me suis retournée pour apercevoir l'interpellé, avant de sentir ma chaussure déraper sur la chaussée et de me retrouver le cul par terre... par la faute à Voltaire :p

Eh bien bizarrement, ça ne m'a pas fait rire du tout!

15 avril 2007

Y a de l'écho ici

Ici, c'était à la station "Fauche l'or" (ligne 13).

En descendant du métro, je me suis décidée à stopper le CD de Grappelli qui passait en boucle entre mes oreilles. J'éteins le lecteur sans retirer mes écouteurs et constate que la musique se poursuit. Coup d'oeil vers le lecteur pour vérifier qu'il n'est plus allumé, quelques secondes de flottement... Je chasse l'idée saugrenue d'un baladeur capable d'émettre de la musique en mode off et me défais de mes écouteurs.

Le violon résonne dans toute la station, un air vif et entraînant, étrangement familié, qui semble venir du quai d'en face. J'enclenche la marche arrière et finis par apercevoir le musicien au détour d'un couloir, yeux fermés et visage serein. Son interprétation est sûre, le violon sifflote de plaisir et quelques personnes dodelinent de la tête au rythme de l'archer, en esquissant un sourire..

Concert souterrain en comité restreint, le métropolitain offre parfois des instants de grâce inespérés.

14 avril 2007

Plus on métro, plus on rit ?

Certains se jouent du métropolitain quand d'autres en font un vaste terrain de jeu.

Au départ, le même grain de fantaisie et la même envie de s'embarquer pour un voyage peu banal. Le trajet est toutefois éprouvant, demande sérieux et patience, motivation et détermination. Mais à l'arrivée, beaucoup de satisfaction et de fierté les attendent.

Parce que ces initiatives à l'heureux résultat ont suscité mon admiration et toute ma sympathie, je souhaite saluer les auteurs de ce plan anagrammatisé du métro parisien, ainsi que le trio qui non content d'avoir réalisé le défi métro nous fait partager sa drôle d'expérience.

13 avril 2007

Pensées d'un biologiste

"Je ne suis pas d'accord avec vous. J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense."

(Nicolas S., in Philosophie Magazine, n°8)

Ces propos, largement relayés, ont provoqué un tollé certain... et assez compréhensible. Voici ravivé le débat séculaire opposant l'acquis à l'inné, le déterminisme au volontarisme, et posant la question de la part de liberté et de responsabilité de l'Homme dans son destin. Débat tout à la fois philosophique, éthique et religieux, auquel Nicolas S. ne semblait pas prédisposé à participer.

Ses déclarations m'ont choquée car elles constituent une forme de déresponsabilisation de l'individu et de la société que je trouve dangereuse, et qu'elles heurtent ma conception de l'Homme en tant qu'être (relativement) libre de ses choix et de ses actes. J'ai en outre du mal à voir le rôle que pourraient jouer les gènes dans nos préférences ou nos comportements. S'il y a bien des gènes déterminant la couleur de nos yeux, existe-t-il pour autant des gènes déterminant quelle sera notre couleur préférée? Et notre orientation sexuelle?

Cependant, je dois reconnaître que certaines observations que j'ai faite sur des nourrissons m'ont troublée et me poussent à croire qu'il existe des prédispositions (à la violence ou à la cruauté par exemple). J'ai aussi entendu dire que l'on pouvait "produire" des chiens particulièrement violents en sélectionnant leurs géniteurs, ce qui laisserait supposer qu'il existe bel et bien des gènes prédisposant à la violence, et ouvrirait dès lors la porte à bien des extrapolations... Si je suis donc prête à croire que les gènes nous prédisposent, je refuse d'admettre qu'ils nous condamnent et que "naître pédophile" soit une fatalité contre laquelle on ne puisse lutter.

Les propos de Nicolas S., aux connaissances scientifiques certainement aussi développées que les miennes, m'ont rappelé Les pensées que le biologiste Jean Rostand (le fils de son père, dont il faut absolument visiter la merveilleuse villa entourée de son délicieux jardin) avaient énoncées voilà plus d'un demi-siècle et qui n'en finissent pas de me contrarier :

Ce qu'on donne à l'hérédité, disait le philosophe Ribot, on le retranche de la liberté. Au  vrai, ce n'est pas ainsi que le problème se pose. L'acquis n'est pas moins déterminé que l'inné, et la part du déterminisme héréditaire réduit simplement celle du déterminisme circonstanciel.

Tout ce qu'est un individu, en bien ou en mal, il ne l'est que pour avoir reçu de ses parents telles molécules et pour avoir subi telles influences externes. Nos récompenses ou nos châtiments ne vont jamais qu'à la chimie et qu'à la chance.

Un certain oeuf évolue dans un certain milieu, et voilà tout l'individu. On hésiterait à insister sur de telles évidences biologiques si l'on n'entendait dire parfois, à propos de tel ou tel criminel, qu'il n'a l'excuse ni d'une hérédité vicieuse ni d'une mauvaise éducation. Affirmation pour le moins étrange, et digne de M. Jourdain quand il ne voulait ni prose ni vers.

L'on penche à excuser un coupable si l'on juge que ses cellules cérébrales furent viciées par quelque virus. Mais si elles le furent par un mauvais gène? Pour maintenir nos rigueurs morales, profitons de la grossièreté de notre savoir.

La société a sans doute le droit de se protéger contre les protoplasmes anti-sociaux; mais il faut bien qu'elle sache que, lorsqu'elle croit châtier un homme, elle ne punit jamais qu'un oeuf ou des circonstances.

Celui qui nie le déterminisme biologique ignore-t-il donc que certains actes sont aussi interdits à certains hommes que d'avoir les yeux bruns ou le nez plat s'ils n'en ont pas reçu les conditions germinales? Suppose-t-il qu'étant organiquement le même on puisse agir différemment? Pour sauver la notion de responsabilité individuelle, il faudrait eller, je crois, jusqu'à admettre qu'on soit responsable de ses chromosomes. (...)

11 avril 2007

Une histoire de pingouins

Comme j'ignore combien profitent des liens que j'ai mis dans la colonne de gauche, un petit strip issu de ce très sympathique blog...  Avouez que ce serait dommage de passer à côté des pingouins!

Je guette, de Bernard Hazaël-Massieux

PS : pour les amateurs de blogs dessinés qui fréquentent régulièrement ceux de Boulet et de ses amis (comme Nico peut-être?), j'espère que vous n'avez pas loupé la fantastique note du 1er avril publiée chez les Chicou Chicou.. :D

9 avril 2007

Vexation pascale

Je ne dirai pas que je ne m'attendais pas à une chose de ce genre et que je ne l'avais pas sentie venir, mais tout de même...

Bien sûr, je n'ai pas sauté de joie quand M. m'a proposé ce ciné. Je n'avais pas beaucoup entendu parler de ce DA mais il était clairement destiné aux enfants, et je me demandais comment nous pourrions justifier notre présence au milieu des moufflets et de leurs parents. D'autant que la séance tombait un dimanche après-midi.. Je nous voyais d'ici au milieu de la file d'attente, essuyant les regards curieux et moqueurs des parents (qui eux pouvaient toujours arguer être venus contraints et forcés par leurs enfants).

Enfin bon... Je me doutais que le ciné n'était qu'un prétexte pour se revoir, et vu le faible prix de la place dans cette salle de quartier, j'ai accepté.

J'aime bien ce cinéma situé à deux pas de son appartement, et dont la perennité n'en finit pas de m'étonner. Comme la plupart de ses modestes comparses, il ne propose pas plus de 3 ou 4 films par semaines et n'en passe généralement qu'un par jour dans son unique salle de projection. On n'a donc peu de chances de se tromper de film a priori.

Arrivée à la caisse, c'est donc tout naturellement que je demande "un ticket s'il-vous-plait" en tendant le billet de 5 euros. Le type, d'à peu près notre âge, nous observe un instant en silence. Puis sans crier gare, il me porte soudain une estocade qui me fait chanceler.

"- Pour quel film?"

- ... euh... pour l'unique film projeté aujourd'hui.

- Justement, on ne passe que "Le vilain petit canard et moi" aujourd'hui.

- Oui, c'est celui-là que nous venons voir.

- Ah?!... Bon..."

le_vilainCa partait sûrement d'une bonne intention, le gars pensant qu'on avait mal lu le programme et voulant nous éviter de voir ce film infantile (et niais, il faut bien l'avouer).. N'empêche, je l'ai quitté froissée.

8 avril 2007

Esquisse

Ses cheveux clairs naturellement bouclés lui donnent un air un peu rêveur, un peu ailleurs. Leur propreté ne fait aucun doute, mais l'absence de laque laisse présager un passage rapide devant le miroir de la salle de bain, peut-être dû à un timing serré ou simplement révélateur d'un goût pour la simplicité.

Le front ne porte pas encore les marques d'une vie de soucis et s'étend sans une ride jusqu'à deux épais sourcils. Sous de jolis cils peu communs chez les hommes, les grands yeux bleus inspirent confiance, comme si leur troublante limpidité reflétait une âme noble et pure.

Après chaque bouffée de cigarette, le visage se tourne vers la rue, offrant un profil majestueux auquel le nez fort et droit confère une certaine assurance. On songe malgré soi à ces effigies aperçues sur des pièces de monnaie antiques, au détour d'une page ou dans l'intimité d'un musée.

Aucune trace de moustache au-dessus des minces lèvres rosées, lesquelles laissent entrevoir des dents régulièrement alignées et blanches encore. La barbe n'a en revanche pas été rasée récemment, quelques poils sombres ornant le bas des joues et le menton légèrement arrondi.

Tandis qu'il parle, sa pomme d'Adam se fait plus ou moins discrète au milieu du cou à moitié caché par le col de sa chemise. Le torse est assez large, mais le tissu ne permet pas de déterminer s'il se compose uniquement de muscles. La nonchalance de ses mouvements et la pose paresseuse qu'il a adoptée en s'attablant laissent penser qu'il n'est pas un fervent adepte du sport.

Sur la nappe, deux longues mains se détachent. L'une serre doucement la frêle cigarette, qu'elle promène lentement de la bouche au cendrier. L'autre joue avec la tasse de café vide, qu'elle fait délicatement tinter contre l'assiette. Parfois, les deux mains se soulèvent en même temps et entament un étrange ballet au-dessus de la table, esquissant ce que les mots ne suffisaient pas à exprimer.

Retour sur les yeux, qui ont quitté l'activité du dehors pour se fixer sur moi. Ils cadrent bien avec ce visage dépourvu d'angles, et s'y plonger a un effet apaisant. Ils semblent emplis de douceur et d'humanité, même lorsque les sourcils se haussent et que la mine s'allonge. Même avec cette expression interloquée et ce regard interrogateur.

Je vois les joues remonter tandis que les lèvres s'étirent irrésistiblement et que les dents se découvrent en toute impudeur. Les yeux se plissent, gagnant en éclat et en malice. Une main passe dans mon champ de vision et fait mine de nettoyer ma vue brouillée. Les fines lèvres remuent et je réalise alors qu'il me manque le son...

"Ohé! Tu es toujours avec moi?"

4 avril 2007

Génuflexion peu catholique ?

Dimanche matin, pas très loin du Louvre, nous avons surpris une conversation entre deux jeunes filles :

"- Je vais devoir te laisser, je vais à la messe...

- Ok.

- Mais dis-moi, tu ne voudrais pas m'accompagner?

- Moi? A la messe? Non mais tu me vois assister à une messe?

- Ben pourquoi pas?

- Non, je n'irai pas. Et puis d'abord je ne me suis jamais mise à genoux! Enfin... pas dans une église, et pas dans ce genre de circonstances...

- Ah? Comment ça?

- ... Non non rien, oublie.

- Ah ah ah! Attends, tu parlais de quoi là?

- Mais de rien je te dis! Allez salut."

Hum... On m'a dit que j'avais l'esprit mal tourné, pourtant je suis certaine d'avoir bien compris l'allusion de la demoiselle. Et ses coupables rougeurs ont fini de me convaincre.

1 avril 2007

Les aventuriers de 8h22

Puisque le 10e épisode est enfin (ENFIN!) tombé et que la saison 1 est maintenant close, je propose à ceux qui ne la connaissaient pas encore de découvrir cette mini série apparue sur le net et qui a rencontré depuis un succès planétaire (j'exagère à peine)...

la Dream Team de 8h22 ;-)

>> c'est par ici!

Si vous avez des réclamations, adressez-vous à Mister T.

"- Hein?

- Monsieur T. Le grand maigre, tout pâle, qui pense que les Colombiens ont inventé le sucre.." (épisode 2)

A la question posée, je vote OUI!

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